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instants patois

  • Le Mardi Gras

    Histoire recueillie par Mme Renée MAIZIERES et corrigée par l’auteur.

     

    J’va v’raconter l’histouaire de l’Emile MATTRAT, qu’on appelôt le Mardi gras,v’savez bin, ç’atôt l’gaçon daou Batisse, minme qu’il avôt in-ne sœur, la Chochotte et daoue frêres : le Bolo et l’Quibri. Le Mardi-gras atôt mairii à la Lichette, i d’meurôt à couté d’chiz l’COLLIN. In bé jou, i avont évu in piot, ce mandrin lâ gaoulôt tourtoute la neuïtie et l’Emile ne pelôt dormin. La Lichette dit à s’n’houme : « laïe min keuïchie d’vant aoue bin bicie l’piot ». Ma l’Emile qui s’aimôt bin et qu’atôt cabochu coume in âne rouge, dit en pietolant autou d’la tâle : « je n’keuïch’ra-me à l’érielle et je n’biss’ra-me ». In-lâ, la Lichette passôt tourtous los souaires pa d’ssus l’vâtre de s’n’houme et bissot l’piot qui n’velôt dormin, le manre. Mâ in-ne fous hodaïe de s’urlever à cul d’pannè d’ssus l’pavé, la Lichette ai évu in-ne boûne avisôtte, lée monta au gurnée et dévala auss’tôt avo in fi d’archo qui attachôt dos caubilles. Elle l’attacha au debout d’le bie et s’rekeuïcha à l’érielle. Inlâ, lie pelôt bicie et r’bicie padant qu’l’Emile ronflôt coume in-ne locomotive. Si bin qu’au jou quand lè Mardi-gras douvri los zeuïes, il hurla, tourtou hursé : « ah la gace, lée m’ai sohie la boudotte ».

    Ces personnages ont existés, ainsi que les sobriquets dont ils étaient affublés. il s'agit des membres de la famille Mattrat: Jean-Baptiste le père (le Batisse), les enfants, Nicolas Alcide (le Bolo), Achille Aimé (le Quibri), Céleste (la Chochotte) et Michel Emile (le Mardi Gras) marié à Célestine Virginie Thémelin (la Lichette) sa femme.

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  • Le tirage au sort - Lettre en patois

    Cette lettre écrite en patois vers 1882 par Eric Henrionnet, valet de chambre est adressée à Léonor Heuillon demeurant à Brillon. Elle a pour thème le tirage au sort du numéro pour les appelés au service militaire. En effet, depuis 1818, le recrutement se fait par engagement et tirage au sort et depuis 1872, le service dure 5 ans. Les appelés tirés au sort ont le droit de se faire remplacer par une personne tierce. Le remplaçant négocie avec l'appelé et sa famille une compensation financière en échange de son engagement.  Charles le fils de Léonor Heuillon et de Clémence Thémelin semble avoir tiré le bon numéro et ne fera qu’un an tout au plus. Le tirage se faisait semble t’il au chef lieu de canton, puisque la lettre parle d’Ancerville.

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    J’avons été maou ase tous lo daou au matin quand le piéton né bayi vote lettre. Ca, ce n’ost rin de le dire comme je songins a vous tourtous d’a cause de vote Charles pou se numéro. J’a disin tou lo jous que ve douvrin aller vor inne sommanbule pou li a faiere avoie in bon. Mâ vla qu’il ot bin chut, ve douvo éte maou iase. Si j’avin saoulement été à Brillon pou na rajoyi avo vous. Comme j’arin remingie et comme j’arin rebu a la santé de se bon marchie. Padant qu’il atot a Yancerville la porre Clémence douvot avoie de rude demingisons dan le dou. Ca douvot lé faiere éssuti de le santi ature le bon et le manre. Ma astaoure bé fut gnie pu besoin de la rape. Vla le manre derie, on zot sure qui ne feré qu’in an tout au pu. J’a son aussi content que vous tourtous. Ca y paraît qu’on not guaire aussi bin souldat astaoure, y fayot miaou dans la garde nationale de Rumont, iaou que ç’atot tourtou chef. Si v’avin yac a dire, aou quelque coumission pou le jule Grevy, serot bin vlantée, je demorons à couté de lou mer. Je le voyon tous lo jou et lou genre aussi, ve voyero. Vla enne belle atlaie que je venneuie avot daou patois. Mâ ça fat toujou plasi doyi la lingue daou pays. Fayos bin mardi gras comme si de rin n’a fut et souhay domezen ma pa aou bin gardonne lé pou quand je virons ve vor. Rabrassez bin la Clémence pour min et pou la Lisadie et peuie vote Charles et quand ve voierot note Gaston ve l’abrassero aussi. Oh la la j’an a mo dan le dou.                  

                                          Eric.

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    traduction : Vous avez bien été aise tous les deux au matin quand le facteur à donné votre lettre. Cela n’est rien de le dire comme je songeais à vous tous à cause de votre Charles pour son numéro. Je disais tous les jours que vous devriez aller voire une voyante pour lui faire avoir un bon numéro. Mais voila qu’il est bien tombé, vous devez être bien aise. Si seulement j’avais été à Brillon pour me réjouir avec vous. Comme j’aurais mangé et comme j’aurai bu à la santé de ce bon marché. Pendant qu’il était à Ancerville, la pauvre Clémence devait avoir de rudes démangeaisons dans le dos. Cela devait l’ennuyer de le sentir entre le bon et le mauvais. Mais à cette heure, il, n’y a plus besoin de la râpe. Voila le mauvais derrière, on est sur qu’il ne fera qu’un an au plus. J’en suis très content pour vous tous. Il parait qu’on est guère aussi bien soldat à cette heure, il serait mieux dans la garde nationale de Rumont, ou qu’ils sont tous chefs. Si vous avez quelque chose à dire, ou quelques commissions pour le Jules Grévy, se sera bien volontiers, nous demeurons à coté de la mer. Je le vois tout les jours et le gendre aussi, vous verrez bien. Voilà un bon moment que je viens avec du patois. Mais cela fait toujours plaisir d’entendre la langue du pays. Faites bien mardi-gras comme si de rien n’y était et donnez ma part ou gardez la pour quand je viendrais vous voir. Embrassez bien la Clémence pour moi

     

  • Plaidoirie sur le Patois

    Le patois a des droits d'exister.
    Dialecte, idiome, patois, tous ces mots servent à identifier la langue que parlaient nos Ancêtres, il y a un peu plus d'un siècle. Leur disparition est due au gouvernement de la fin du 19éme siècle, qui a interdit d'une manière absolue, l'emploi du patois dans les écoles primaires. Pourtant le Français n’est-il pas le patois de l’île de France ; dialecte devenu la langue nationale, après que les Rois de France eurent transporté leur cour et établi le siège de leur gouvernement dans la ville de Paris. Ce dialecte, par cela seul qu'il était parlé à la cour, devait, avec le temps, devenir la langue nationale. Enrichi bientôt d'une foule d'expressions que le progrès des arts, des sciences, de l'industrie et des relations commerciales avait rendues nécessaires, il dût primer les autres.
    Le patois a pour ainsi dire disparu totalement de nos campagnes, après avoir résisté plus longtemps que la ville. Brillon peu néanmoins s'enorgueillir de deux de ses enfants.
    François Simon CORDIER écrivit un des premiers dictionnaires de patois de Lorraine en 1833, quelques années plus tard, il nous amusait en écrivant trois comédies en patois.
    En 1896, Charles Jules VARLET écrivait à son tour, un dictionnaire de patois meusien.


    Le patois a une étymologie.
    Le patois trouve ses racines dans le Latin et bas-latin, mais aussi dans le Celte, le Gaulois, le Franque. On retrouve même sur certain mot une ressemblance avec l’Italien.
    A ce sujet étudions quelques mots :
    Le Latin paulum se transforme en Français par peu et en patois par pau.
    Le Latin pellis se transforme en Français par peau et en patois par pê.
    Le Latin currere se transforme en Français par courir et en patois par courre.
    Le Latin constare se transforme en Français par coûter et en patois par conter.
    Le Latin gener se transforme en Français par gendre et en patois par genre. Dans ce dernier cas le patois n’a pas fait l'adjonction du d .
    Le Celte sanailh est transcrit en patois par le mot sinatsineau , qui signifie grenier à foin et n'a pas d'équivalent en Français.


    Le patois a des sons.
    Le Français en se formalisant par la création du dictionnaire , s'est privé de nombreux sons
    Le son oïe [oye] dans , te m'oïe, nanin je t'oïe-me ( tu m'entends , non je ne t'entend pas )
    Le son aïe [haiye] dans , t'is hodaïe (tu est fatiguée).
    Le son euïe [oeil] dans j'seuïe (je suis).
    Le son aoue [aw] dans in paressaoue (un paresseux).


    Le patois est plus précis.
    Le Français ne différencie pas l'article un et le chiffre un , Le patois lui les différencient :
    un enfant se dit in afant , j'en veux un se dit j'a veux iun .
    Autre différence , la lettre h en français ne sert à pas grand chose , en patois elle sert à marquer un temps d'arrêt .
    Exemple : béhuter se prononce bé-huter , ine acohotte se prononce ine aco-hotte.


    Le patois devenu parler régional.
    Essayez de chercher dans un dictionnaire les mots suivants :
    Boudotte, chanlatte, bourde, brayaotte, déhoter, charpagne, clanche et clancher .
    eh oui, vous ne les trouverez pas, pourtant vous les utilisez.

  • la F'NAU ou FENAISON

    Enclumette.jpgL’on se rendait de bon matin, à partir de fin juin pour la f’nau (fenaison). Chaque fauchaoue (faucheur) avait soin d’emporter marteau et enclumette pour rebattre le tranchant de la faux. Bia.jpgPour conserver le fil, il utilisait la ragueuïezotte ou réfilotte (pierre à aiguiser effilée aux deux extrémités) qui trempait dans l’eau du bia ou coueuïe (vase en tôle). A l’origine, c’était une corne de bovin fixée dans le dos à la ceinture du pantalon. Sous les coups précis et réguliers des faucheurs, l’herbe tombait formant un andain. Après quelques jours de séchage, ayant été plusieurs fois retourné avec une fungne (fourche), puis mis en tas, venait le chargement des charrettes. Il appartenait aux femmes et enfants de racler le foin avec le diable (grand râteau), il n’était pas pensable que du foin traînât dans le pré. On transportait le foin à l’aide d’une guimbarde, sorte de charrette à deux roues comportant des échélottes (sorte d’échelle placée à l’avant et à l’arrière). Les cotés étaient habituellement pleins et moins longs que la charrette. La voiture chargée, le ploïon (longue perche de bois) maintenait l’ensemble par le dessus, dans le sens de la longueur. Arrivé au village, il fallait lancer le foin par la gerbeïre (trappe d’accés) dans le sinau (grenier à foin).
    pour en savoir plus :
    les gestes retrouvés, Daniel Bontemps, 1995.
    la Tankiote, Georges L'hôte, 1984.
    1935MartinLucien.jpg

  • PATOIS - L'évangile des ivrognes

    Chanson un peu farfelue, chantée autrefois à Brillon, sur l'air de la Préface recueillie par Mme Renée MAIZIERES de Brillon et corrigée par l’auteur.

    Dominus vobiscum, et cum spiritu tuo.

    Initium sancti evangelii secundum prud'homme.

    J'â été à la foiere au tros marchis, j'â écheté in vie ch'faux qui n'pelo marchi

    j'l'y ä caoupé los quate pattes, y sauteuïe a l' air

    j'ä été à la chairrue da in champ qui n'avöt ni tére, ni pîres

    j'â n'a fa tros journeaux avant que déjeuner

    j'â r'venu, j'â min me ch'faux su m'cô et ma chairrue su m'cul

    ma femme m'ai dit t'is don sot, j'â cru qué m'disait d'motte daoue sée da l'pot

    j'â n'a min in grain d'trop, elle m'ai foutu in té côp d'pun su l'peuïchot

    qu'j'â n'a dégobillie su note chinot.

    Peuïe lée a d'mandé si je c'nussons :

    Los Ouaiselots d'Yancerville

    Los Acalés d'Aunoïe

    Los Cacâs d'Bondonviller

    Los Liévres de Bazincou

    Los Pummes moutaïes de Brion

    Los Cousaoue de Cousances

    Los Gomais d'Haironville

    Los Juvgnats de Jvignai

    Los Coucou de L'vincoue

    Los Rigolins de Lisle

    Los Polonais d'Montplonne

    Los Reussiens d'Reu

    Los Couméres d'Saudrupt

    Los Pîrots d'Savoneilre

    Los Calvins d'Soumeloune

    Los Ducs de Stainville

    Et los Crapauds d'Ville-su-Saulx

    je croïe que j'n'en é-me obliu.

    la traduction.